Dossier documentaire sur les stéréotypes

 

DOCUMENT 1 De quoi s'agit-il ?

 

Définition de "stéréotype"

Lorsqu'on ne veut pas ou on ne peut pas réagir à quelqu'un sur la base de ses caractéristiques individuelles, on fait alors appel à un stéréotype, c'est-à-dire une image appliquée de façon rigide à tous les membres d'un groupe social pour décrire ce qu'ils sont. Nous utilisons toutes et tous des stéréotypes pour qualifier différents types de gens. Si on nous le demandait, nous poumons, par exemple, décrire un policier «typique» ou un joueur de football professionnel sans même jamais avoir eu l'occasion de rencontrer aucune de ces personnes: chacune de ces images représente un stéréotype. Un stéréotype devient discriminatoire lorsqu'il limite le développement, l'expression ou l'exercice des droits des personnes appartenant au groupe social auquel il se réfère.

Fonctions

Les stéréotypes sont nécessaires pour donner un sens à la société complexe dans laquelle nous visons : il serait, en effet, difficile de traiter comme des individus uniques les milliers de personnes avec qui nous interagissons chaque année. Une même personne peut remplir plusieurs rôles : être la mère d'un ami, l'épouse d'un homme d'affaires, en même temps que votre compagne de travail. Vous pouvez avoir des réactions différentes à l'égard de chacun de ces rôles de même que des images différentes du type de personne susceptible de les remplir.

Auquel de ces rôles allez-vous réagir? En général, votre réaction dépendra de la situation dans laquelle vous vous trouvez et du rôle de cette femme auquel vous accordez le plus 'importance . Ainsi, vous réagirez probablement à elle comme «compagne de travail» alors que les associés de son mari retiendront plutôt son caractère d'«épouse» : c'est ainsi que, dépendamment du rôle auquel on fait référence, on peut être amené à émettre des jugements fort différents sur son intelligence et ses capacités .

Acquisition et développement des stéréotypes

Nous acquérons nos stéréotypes de nombreuses façons: certains reposent sur les normes et les croyances de notre culture . Ils peuvent être appris simplement en regardant la télévision, en lisant certains livres ou magazines, en discutant avec des proches: on peut ainsi être amené à déduire, à la seule vue des jeunes cilles en pleurs présentées sur le petit écran, que toutes les femmes sont émotives. Les stéréotypes sont aussi transmis par les institutions de notre société : famille , école , etc. Certains nous parviennent de notre expérience directe : s'il nous arrive d'interagir avec une femme de carrière qui nous semble froide mais très compétente, il se pourrait que, consciemment ou inconsciemment, nous commencions à croire que toutes les femmes de carrière sont froides et compétentes.

Mécanisme d'appropriation personnel desstéréotypes assurant leur maintien dans une sciété donnée

Lorsqu'un stéréotype est appris, il est difficile de s'en défaire. Il existe, en effet, un certain nombre de mécanismes qui nous poussent à le maintenir en dépit même d'évidences contraires: on peut rejeter toute information qui ne colle pas à ce stéréotype ou encore interpréter cette information de façon à ce qu'elle s'ajuste . Par exemple, si vous jugez que les garçons sont plus agressifs que les filles, vous pourrez ignorer le fait d'avoir vu Marie frapper Bill il y a un instant, ou vous dire que pour une petite cille, elle démontre son affection d'une drôle de façon! Dans un cas comme dans l'autre, le stéréotype que vous entretenez à l'effet que les garçons sont plus agressifs, demeure inchangé. Autre exemple: si un individu est persuadé de l'incapacité d'une femme à réaliser une tâche donnée, il se peut bien que même si cette femme accomplit effectivement un bon travail, sa performance soit perçue comme étant «exceptionnelle» et qu'elle soit toujours considérée, de façon générale, comme incompétente.

La distorsion de l'information n'est qu'un des mécanismes maintenant les stéréotypes. Ceux-ci persistent aussi parce que les gens, les utilisant comme points de référence, s'y conforment. Si un homme croit que les individus de son sexe ne doivent pas pleurer, il essaiera vraisemblablement d'éviter ce type de démonstration en public, et ce, même s'il en sent le besoin. Une femme, par contre, n'ayant pas de raison d'inhiber son envie de pleurer, se laissera plus facilement aller à ce type d'émotion. Or, en observant les comportements différents manifestés par l'un ou l'autre sexe, on en arrive effectivement à croire que, de fait, «les femmes pleurent et que les hommes, eux, ne pleurent pas».

Principaux stéréotypes concernant les hommes et les femmes

Des études effectuées au cours des vingt dernières années révèlent que la plupart des gens croient que les hommes sont plus agressifs, indépendants, objectifs, actifs, compétitifs, logiques, orientés vers le monde, habiles dans le domaine des affaires, confiants dans leurs possibilités et ambitieux en même temps que brusques, rudes, tapageurs, négligents, peu loquaces, et incapables d'exprimer des sentiments tendres. Les femmes, selon les stéréotypes, se définissent en opposition aux traits masculins : elles ne sont pas agressives, pas indépendantes, pas objectives, très passives, pas du tout compétitives, illogiques, non orientées vers l'extérieur, malhabiles en affaires, insécures au sujet d'elles-mêmes, sans ambition; cependant elles sont délicates, douces, mielleuses, bavardes, ordonnées et capables de sentiments tendres.

Ces stéréotypes concernant les hommes et les femmes sont apparemment entretenus par les deux sexes . Les hommes perpétuent entre eux leurs propres images ainsi que celles des femmes. Il en va de même chez les femmes.

Du progrés

Il est important de noter que plusieurs des stéréotypes mentionnés précédemment dépeignent les femmes de façon négative. Cette situation paraît cependant vouloir se modifier légèrement.

Premièrement , il semble que depuis quelques années on valorise davantage l'expression émotive des femmes et que l'on accorde moins d'importance aux qualités traditionnelles de compétence des hommes. Ces derniers commencent d'ailleurs à reconnaître l'importance d'être capables d'exprimer leurs émotions. Les femmes aussi portent maintenant un regard plus positif sur certains traits appartenant traditionnellement au stéréotype féminin. Tout cela laisse supposer qu'en général les femmes sont maintenant perçues de façon beaucoup moins négative.

Deuxièmement , il semble que l'on valorise la compétence comme un trait désirable en soi plutôt que comme une caractéristique masculine. Les femmes qui veulent faire carrière et réussir à l'extérieur paraissent tout particulièrement soucieuses de voir d'autres femmes reconnues pour leur compétence. Il faut noter cependant qu'on s'attend généralement à ce que les femmes conservent leur «féminité» lorsqu'elles occupent des fonctions traditionnellement réservées aux hommes.

Troisièmement , les gens commencent à raffiner les stéréotypes qu'ils entretiennent au sujet des femmes, en général, comme de certains groupes, en particulier.

«Lorsqu'une femme se présente en entrevue, on vérifie son état civil avant de connaître ses qualifications et ses expériences. Si elle est mariée, on hésite sur sa candidature, sous prétexte qu'elle peut ne pas être aussi disponible et peut s'absenter plus souvent qu'à son tour. Certains employeurs ont encore tendance à privilégier un homme plutôt qu'une femme croyant qu'elle n'aspire qu'à un salaire d'appoint. D'autres voudront éviter les «dérangements» occasionnés par un congé de maternité. Exemples courants de discrimination exercée plus ou moins consciemment, et dont les femmes sont victimes.»

Il importe donc de poursuivre la dénonciation des stéréotypes sexistes, que ceux-ci limitent les aspirations des femmes ou celles des hommes. En fait, ce sont les frontières qu'ils imposent au développement de l'un et l'autre sexe que nous devons repousser le plus loin possible. Il importe également de désaliéner les femmes et les hommes et de permettre ainsi à toutes et à tous de s'épanouir sans contrainte.

Transmission des stéréotypes

Les normes et croyances concernant les hommes et les femmes nous sont surtout transmises par des institutions comme l'école, la famille, etc. Bien des stéréotypes sont aussi acquis au contact de la réalité.

Certains mécanismes contribuent à perpétuer les stéréotypes

- nous déformons parfois l'image que nous renvoie la réalité de façon à ne pas avoir à changer nos croyances. Par exemple, si nous voyons une petite fille grimper aux arbres, nous préférons croire que cette dernière est un «garçon manqué» et qu'en général, les fillettes sont moins aventureuses que les petits garçons;

- nous nous conformons nous-mêmes aux stéréotypes : nous les utilisons comme points de référence pour orienter nos comportements, pour déterminer nos attitudes. En agissant selon ce qu'ils prescrivent, nous les confirmons, ce qui maintient l'illusion de leur fondement dans la réalité;

- les stéréotypes sont un peu comme les balises de notre quotidien, c'est-à-dire qu'ils nous permettent de structurer notre perception du monde. En dépit de ce caractère utilitaire, il demeure qu'ils limitent de beaucoup notre compréhension de la diversité humaine. De plus, puisqu'ils prescrivent de façon rigide ce que nous devons être, ils inhibent d'autant nos possibilités de développement et de créativité;

-           nous avons peut-être, à un moment ou l'autre, été victimes du stéréotype de la «femme idéale» ou de l' «homme idéal», en étant forcés à abandonner certains intérêts, en sacrifiant «parce que cela ne se fait pas», une carrière, etc. Comment éviter à nos enfants pareilles contraintes?

Pierrette Bouchard (24) professeur à l'Université Laval, soulignait dans la vidéocassette Plus tout à fait les mêmes que les garçons qui ne sont pas typiquement stéréotypés sont souvent victimes de rejet de la part de leurs camarades. On se moque d'eux en disant qu'ils sont efféminés, femmelettes, etc.

Les conséquences du sexisme sur le développement des garçons sont également abordées dans le rapport Bouchard (25) Le sexisme y est défini comme un facteur de risques pour la société, notamment à cause de ses répercussions sur la vie des garçons et des hommes.

«Accompagner les enfants dans leur développement demande aux adultes qu'ils acceptent de partager de plus en plus de leurs pouvoirs avec eux, qu'ils favorisent l'accès des jeunes à l'égalité. Cette attitude n'habite pas encore de nombreux parents, notamment les pères et les conjoints qui considèrent que les enfants et les femmes devraient se plier à leurs attentes et s'incliner devant leur statut masculin. Cette forme de népotisme empêche ces hommes de s'enrichir fabuleusement dans le contexte de relations égalitaires, réciproques, tendres et affectueuses. Cela contrevient aussi à l'émergence d'un véritable lien d'attachement entre les hommes et leurs enfants. II devient donc impérieux de multiplier les contextes où les garçons et les jeunes hommes apprendront à mieux assumer autant leur rôle de bons protecteurs auprès des tout-petits que celui de partenaires soucieux d'égalité auprès de leur conjointe. Le lien d'attachement père-enfant devrait désormais faire l'objet d'une promotion beaucoup plus explicite. Par ailleurs, les vidéo-clips, très populaires chez les jeunes, continuent de véhiculer l'image de femmes souvent passives, soumises, envoûtées, victimes de la séduction ou de la brutale conquête de quelques «mâles» irrésistibles. Ces stéréotypes alimentent tranquillement mais sans relâche chez les jeunes hommes l'idée que les femmes peuvent être des proies faciles ou consentantes, des objets de satisfaction de leurs besoins. Ils renforcent aussi l'impression que les hommes gagnent l'amour, sinon l'admiration, à imposer leurs besoins et leurs perceptions. C'est également à ce modèle de relations que risquent d'adhérer de nombreux jeunes. Tout cela crée un environnement peu propice au respect et installe les relations entre hommes et femmes dans un contexte culturel perméable aux abus.»

24. P. Bouchard. Plus tout à fait les mêmes, Interview, vidéocassette, CEQ, 1986.
25. C. Bouchard.. cit. , p. 46.

Le rapport va même plus loin et considère également l'absentéisme des pères comme étant un problème causé par le sexisme:

«On s'attriste, sans y réagir vigoureusement, de ce qu'un grand nombre de pères soient absents, qu'ils assument encore maladroitement leur rôle de parent, qu'ils remplissent peu ou mal leurs obligations dans le cas de séparation et de divorce, qu'ils ne s'impliquent pas suffisamment dans la vie familiale, qu'ils puissent se montrer violents ou méprisants envers la mère de leur enfant ou qu'ils puissent un jour abuser de leur pouvoir envers leur fils ou leur fille. La création d'un attachement fort entre les hommes et leurs enfants dès la naissance est une condition indispensable à l'amélioration des relations entre pères et enfants.»

C'est dans ce sens que le groupe de travail recommande:

«de mettre sur pied un important programme national de promotion du rôle paternel en s'adressant directement aux pères, mais aussi aux institutions, et en s'associant des partenaires du monde du travail et des groupes communautaires (26)

Il est bien évident toutefois que le rôle parental est à la fois l'affaire des hommes et des que les deux parents auraient besoin d'aides supplémentaires et d'un plus grand soutien. Le métier de parent mérite d'être valorisé et reconnu par l'ensemble de la société. [...]

 

http://www.eurowrc.org/05.education/education_fr/vers-qui-vers-quoi/vqvq_adultes/04.vqvq_adultes.htm

 

 

DOCUMENT 2 : "Le petit chaperon rouge est l'histoire d'une fillette à la limite de la débilité mentale"

Si l'on compare les images féminines de la littérature enfantine contemporaine avec celles des légendes traditionnelles, on s'aperçoit que bien peu de choses ont changé. Les vieilles légendes nous offrent des femmes douces, passives, muettes, seulement préoccupées par leur beauté, vraiment incapables et bonnes à rien. En revanche, les figures masculines sont actives, fortes, courageuses, loyales, intelligentes. Aujourd'hui, on ne raconte presque plus de légendes aux enfants, elles sont remplacées par la télévision et les histoires inventées à leur intention, mais certaines parmi les plus connues ont survécu et sont connues de tout le monde.

Le petit chaperon rouge est l'histoire d'une fillette à la limite de la débilité mentale, qui est envoyée par une mère irresponsable à travers des bois profonds infestés de loups, pour apporter à sa grand-mère malade de petits paniers bourrées de galettes. Avec de telles déterminations, sa fin ne surprend guère. Mais tant d'étourderie, qu'on n'aurait jamais pu attribuer à un garçon, repose entièrement sur la certitude qu'il y a toujours à l'endroit et au moment voulus un chasseur courageux et efficace prêt à sauver du loup la grand-mère et la petite fille.

Blanche-neige est une autre petite oie blanche qui accepte la première pomme venue, alors qu'on l'avait sévèrement mise en garde de ne se fier à personne. Lorsque les sept nains acceptent de lui donner l'hospitalité, les rôles se remettent en place : eux iront travailler, et elle tiendra pour eux la maison, reprisera, balaiera, cuisinera en attendant leur retour. Elle aussi vit comme l'autruche, la tête dans le sable, la seule qualité qu'on lui reconnaisse est la beauté, mais puisque ce caractère est un don de la nature, et non un effet de la volonté individuelle, il ne lui fait nullement honneur. Elle réussit toujours à se mettre dans des situations impossibles, et pour l'en tirer, comme toujours, il faut l'intervention d'un homme, le prince charmant, qui l'épousera fatalement.

Cendrillon est le prototype des vertus domestiques, de l'humilité, de la patience, de la servilité, du sous-développement de la conscience, elle n'est pas très différente des types féminins décrits dans les livres de lecture aujourd'hui en usage dans les classes primaires et dans la littérature enfantine en général. Elle non plus ne bouge pas le petit doigt pour sortir d'une situation intolérable, elle ravale les humiliations et les vexations, elle est sans dignité ni courage. Elle aussi accepte que ce soit un homme qui la sauve, c'est son unique recours, mais rien ne dit que ce dernier la traitera mieux qu'elle ne l'était jusqu'alors.

Les personnages féminins des légendes appartiennent à deux catégories fondamentales : les bonnes et incapables et les malveillantes. « On a calculé que dans les contes de Grimm 80% des personnages négatifs sont des femmes. »

Pour autant qu'on prenne la peine de le chercher, il n'existe pas de personnage féminin intelligent, courageux, actifs et loyal. Même les bonnes fées n'ont pas recours à leurs ressources personnelles, mais à un pouvoir magique qui leur a été conféré et qui est positif sans raison logique, de même qu'il est malfaisant chez les sorcières. Un personnage féminin doué de qualités humaines altruistes, qui choisit son comportement courageusement en toute lucidité, n'existe pas. La force émotive avec laquelle les enfants s'identifient à ces personnages confère à ces derniers un grand pouvoir de suggestion, qui se trouve renforcé par d'innombrables messages sociaux tout à fait cohérents. S'il s'agissait de mythes isolés survivant dans une culture qui s'en détache, leur influence serait négligeable, mais la culture est au contraire imprégnée des mêmes valeurs que ces histoires transmettent, même si ces valeurs sont affaiblies et atténuées.

Elena Gianini Belotti, « Du côté des petites filles », Edition des Femmes, 1974.

 

DOCUMENT 3 : L'Influence de la télévision sur la socialisation sexuée des enfants

Un EXAMEN De la LITTÉRATURE Susan D. Witt , Ph.D. L'université d'Akron École des sciences de famille et de consommateur

Source: Homepage De Susan Witt

[…]

Introduction

Les enfants internalisent des stéréotypes de rôle de genre des livres, des chansons, de la télévision, et des films (Thorne, 1993). La télévision, cependant, est peut-être la forme de médias parmi les plus influents dans la formation des rôles sexués (Lauer et Lauer, 1994). Les recherches sur le visionnage de la télévision et la socialisation des enfants indiquent que la télévision a un grand impact sur la vie des enfants. Les études ont montré que les enfants non encore scolarisés passent une moyenne de presque 30 heures par semaine devant la télévision ; ce qui signifie que les enfants passent plus de temps devant la télévision qu'ils n'en dépensent pour toute autre chose excepté le sommeil (Aulette, 1994; Kaplan, 1991; Anderson, Lorch, Champ, Collins Et Nathan, 1986). Nielsen a constaté qu'avant que les enfants aient seize ans, ils ont passé plus de temps devant la télévision que de temps passé à l'école (étude des médias de Nielsen comme citée en Basow, 1992).
 
Les enfants sont exposés à environ 20.000 publicités par année (Stoneman et Brody, 1981). […]  

Ce que les enfants regardent

Concernant le développement des rôles sexués à la télévision, l'institut national de la santé mentale a déterminé :

1) dans l'interaction homme-femme, les hommes sont habituellement plus dominants.
2) les hommes à la télévision sont raisonnables, ambitieux, futés, concurrentiels,
puissants, stables, violents, et tolérants, alors que les femmes sont sensibles,
romantiques, séductrices, heureuses, chaleureuses, sociables, paisibles, justes,
dociles, et timides.
3) pour les hommes, l'emphase est sur la force, l'exécution, et la compétence;
pour des femmes, elle est sur la séduction et le charme.
4) le mariage et la famille ne sont pas importants pour les personnages masculins de la télévision. L'étude a constaté que pour presque la moitié des personnages masculins, il n'était pas possible de dire s'ils étaient mariés, un fait qui était vrai pour seulement 11% des femmes. (institut national de santé mentale comme cité en Lauer et Lauer, 1994, p. 73).
 
[…] 

Polarisation de genre dans la télévision
 
Les stéréotypes de genre existent aussi dans les feuilletons (soap opera). Les femmes y sont souvent montrées en tant qu'individus désespérés, incapables de résoudre des problèmes sans aide (Basow, 1992). Les hommes et les femmes y sont montrés dans des rôles stéréotypés de genre sur beaucoup d'émissions musicales télévisées (Seidman, 1999). Les enfants observent fréquemment ces programmes après école, et sont renforcés dans l'idée que les femmes sont subalternes, passives, et indécises.
  […]

http://sociomedia.ibelgique.com

 

DOCUMENT 4 : Parlons des stéréotypes raciaux aux enfants

Les stéréotypes raciaux sont présents partout à la télévision et les émissions destinées à la jeunesse ne font pas exception. Le criminel au turban, l'Asiatique futé et le joueur de basket-ball noir magicien du ballon ne sont que quelques-uns des stéréotypes dont sont souvent truffés les dessins animés, les films et les téléromans. Repérer ces stéréotypes est souvent difficile pour les enfants ; pour eux, l'Amérindien brandissant son tomahawk ou l'Asiatique expert en karaté est un personnage familier et souvent fort amusant. Comment aider votre enfant à comprendre ces images pour ce qu'elles sont, c'est-à-dire simplistes et représentant des stéréotypes ? Pour tenter de répondre à cette question, voici quelques conseils :

Trouvez des émissions qui brisent les stéréotypes.
S'il est vrai que certaines émissions entretiennent des stéréotypes, d'autres, au contraire, peuvent aider à briser les barrières. Regardez des émissions où la culture et le talent d'individus de nationalités et races différentes sont mis en évidence de façon positive.

http://www.education-medias.ca/francais/ressources/fiches_conseils/parlons_stereotypes_raciaux.cfm

 

 

DOCUMENT 5 : Les stéréotypes liés à la couleur de la peau

Les images stéréotypées des étrangers sont des constructions de l'esprit. Elles déforment, simplifient et manipulent la réalité. La plupart du temps, nous ne sommes pas conscients que ces stéréotypes sont un moyen de cacher nos propres émotions et attitudes conflictuelles envers les étrangers. Si nous voulons nous évader de la réalité, nous les voyons de façon romantique et nous les idéalisons. Si nous croyons qu'ils se rapprochent trop ou même qu'ils deviennent dangereux, nous les stigmatisons et en faisons des démons.

Nous avons choisi cinq stéréotypes typiques de notre tradition occidentale. Pour les Européens, le Noir repésente l'essence même de l'étranger; nous percevons encore le « Peau-Rouge » comme un personnage littéraire, le protagoniste de romans et de films; nous imaginons le « jaune » comme appartenant à une masse humaine sans qu'on puisse le percevoir comme un individu; le Gitan a un style de vie qui ne cadre pas avec nos normes bourgeoises; quant au Juif, bien qu'il n'ait guère de différences visibles avec nous, nous avons déployé beaucoup d'efforts pour essayer d'en faire un étranger.

Noirs. Dans l'Antiquité, l'expression « laver un Éthiopien » évoquait quelque chose d'impossible. Les Noirs figurent dans la Bible entre autres et, dans notre culture chrétienne occidentale actuelle, ils représentent davantage qu'une simple couleur. Viennent s'ajouter à la notion de couleur des connotations d'impureté, de saleté, mais aussi de péché, et même apparentées au diable. La peau « noire » est perçue comme un déficit « naturel » qui peut au moins être atténué, à défaut d'être effacé, par le baptême. Comme c'est le cas pour bien d'autres stéréotypes, cette imagerie continue à fonctionner.

Il y a longtemps que les stéréotypes sont passés de la religion au monde de la consommation. Depuis un siècle, l'industrie des détergents a tenté de nous « savonner » avec la promesse que ses produits peuvent blanchir même les Éthiopiens.

Rouges. Les Amérindiens ont d'abord été décrits comme des « barbares » ou des « sauvages ». Depuis le XVIIIe siècle, on les appelle aussi « Peaux-Rouges ». Il semble que certaines tribus nord-américaines aient commencé à s'appeler elles-mêmes ainsi à peu près à la même époque. Cette caractérisation provient aussi de la croyance ancienne aux quatre humeurs, dans laquelle le rouge représentait le tempérament colérique. Au XIXe siècle, les Européens se sont aussi mis à appeler les Amérindiens « Peaux-Rouges ».

Aujourd'hui encore, les Allemands connaissent les « Peaux-Rouges » surtout par des histoires d'aventures. James Fenimore Cooper, l'écrivain allemand Karl May, et bien d'autres auteurs, ont créé leurs personnages littéraires en leur conférant les attributs de « noble » et d'« assoiffé de sang ». Les « nobles sauvages » comme Chingachgook ou Winnetou ont toujours eu leur pendant, l'Indien « assoiffé de sang ». Un monde ambivalent est sorti de cette confrontation littéraire entre le bien et le mal. Aujourd'hui, au cinéma comme à la télévision, les acteurs nous transportent dans un « Wild West » romantique. Ils deviennent des idoles et des frères de sang avec une peau rouge dans laquelle on aimerait parfois se glisser.

Jaunes. « Jaune citron », « jaune oignon », « jaune olive », « jaune thé ». Depuis le XVIIIe siècle, les voyageurs européens ont été très inspirés dans leur description des Orientaux. Quand les Occidentaux ont commencé à regarder de haut l'Extrême-Orient, ils ont fait de l'ambivalente couleur jaune un volet essentiel de leur perception stéréotypée des Orientaux, qui étaient auparavant classés comme blancs. On associe à cette couleur non pas la couleur et la chaleur, mais plutôt la maladie de la vésicule biliaire et du foie, l'envie, la ruse et le danger. Le cliché de l'Oriental jaune se perpétue encore aujourd'hui. Tout ce qui peut paraître un tant soit peu oriental est vite recouvert de jaune - depuis les snacks orientaux jusqu'aux couvertures de livres. Tout comme la peau jaune, les yeux des Orientaux nous paraissent suspects. Les yeux bridés ne correspondent pas à notre conception du regard franc d'une personne honnête. Le visage et l'expression de chaque individu restent fermés pour nous, et nous avons tendance à voir les Orientaux comme faisant partie d'une foule, non comme des personnes. Depuis le siècle dernier, nous leur prêtons des intentions agressives. Nous avons peur du « péril jaune » si souvent évoqué. Le simple nombre de personnes qui vivent en Asie suscite la peur de l'invasion.

Gitans. Depuis longtemps, le style de vie et la culture des Gitans sont comme l'antithèse du modèle bourgeois. Les Gitans font naître en nous des fantasmes de désir et de crainte qui se cristallisent dans des lieux symboliques.

La scène
D'innombrables désirs bourgeois sont projetés sur la scène. Le Gitan passe pour un esprit libre sans domicile fixe, un violoniste sentimental; la Gitane, pour une belle femme fière avec des cheveux noirs et une robe rouge. Depuis le début du XIXe siècle, ces personnages personnifient nos propres rêves romantiques et nos désirs d'évasion.

La rue
Les Gitans sont arrivés en Europe avec la Grande Migration à la fin du Moyen Âge. Les nombreux interdits portant sur la fixation d'un domicile les a obligés à adopter des « professions nomades ». Ils sont devenus des réparateurs de casseroles, des vendeurs de chevaux et des diseurs de bonne aventure pour pouvoir gagner leur vie. Les citoyens établis pensaient que les Gitans habitaient dans la rue, lieu de toutes les libertés, mais aussi de vie vagabonde déréglée.
Le pilori
Au XVe siècle, les Gitans ont été déclarés hors-la-loi. Ils pouvaient être persécutés impunément. Les citoyens croyaient que ces gens basanés, avec leurs transactions malhonnêtes et leur sexualité débridée, n'avaient pas de moralité. Depuis cette époque, le stéréotype du Gitan sans foi ni loi s'est enraciné. Il a atteint sa sinistre apogée sous le IIIe Reich. personnages personnifient nos propres rêves romantiques et nos désirs d'évasion.

Juifs. Les Juifs ne sont pas facilement identifiables par leurs caractéristiques physiques. Pourtant, les Occidentaux ont fait des efforts sans précédent pour en faire une minorité visible. Comme les vêtements et les signes distinctifs qui permettaient d'identifier un Juif pouvaient s'ôter, les anthropologues et les médias populaires du XIXe siècle ont choisi certaines caractéristiques physiques et les ont présentées comme « typiquement » juives afin de faire croire que les Juifs pouvaient être identifiés par leurs différences physiques.


Un grand nez crochu a particulièrement stigmatisé les Juifs. Cette construction de l'esprit a eu un effet aussi dans les cercles juifs : l'opération chirurgicale du nez a une longue tradition. Et pourtant, les études anthropologiques de Maurice Fishberg avaient déjà prouvé vers 1900 que le nez « sémite » n'est pas particulièrement « juif ». Fishberg avait découvert que 30 % de la population non juive de la région alpine en Allemagne avait ce type de nez. « On m'a souvent demandé si les Juifs avaient oui ou non un nez « sémite ». Après 54 ans d'expérience, je peux seulement répondre que tous les Juifs que j'ai connus avaient un nez! »

C'est nous qui faisons des autres des étrangers. Cela devient particulièrement clair quand nous ne parvenons pas immédiatement à identifier l'autre comme différent. Savoir seulement qu'il y a là une autre religion, une autre langue ou un autre milieu fait naître des clichés dans notre esprit et change notre comportement.

http://www.mumi.org/etranger/fr/st0.htm

 

DOCUMENT 6 : La représentation des hommes et des femmes dans les livres scolaires

Manuels scolaires, littérature : la vision du travail présentée aux enfants reste très sexuée et à dominante masculine.
C'est en 1997 que sort un rapport rédigé par la députée RPR Simone Rignault et le sénateur centriste Philippe Richert sur la représentation des hommes et des femmes dans les livres scolaires. En passant au crible les manuels de la maternelle au lycée, les deux auteurs dressent un constat alarmant : les auteurs de référence des ouvrages scolaires sont majoritairement des hommes, comme le sont 90 % des héros des histoires narrées aux élèves. Cinq ans après ce rapport, l'Education nationale n'a toujours pas rectifié le tir. Des commissions se sont succédé sur le dossier «sexisme et stéréotypes», suivies d'un chapelet de préconisations et de la signature, en février 2000, d'une convention pour l'égalité fille-garçon en milieu scolaire. […] Par Muriel GREMILLET, Nadya CHARVET, Libération, lundi 17 décembre 2001.

Extraits du rapport parlementaire : Rapport au Premier ministre

La représentation des hommes et des femmes dans les livres scolaires

Simone Rignault, Philippe Richert.

[…] Les femmes apparaissent moins souvent que les hommes

Un déséquilibre numérique

La mission a étudié plusieurs livres dans toutes les matières. Presque toujours, les filles et les femmes apparaissent moins souvent que les hommes. Sont-elles effectivement moins nombreuses ? En 1993, selon l'INSEE (état civil et recensement de la population) les femmes représentaient 51,3 % de la population totale en France. L étude d'un livre de français de CM2 (1992), comportant 43 textes littéraires, 16 poésies et 36 ensembles documentaires, illustre cette absence des femmes. L'étude a consisté à identifier le héros des 43 textes présentés. Lorsque le héros est unique et le scénario centré sur un seul personnage, le héros masculin apparaît 16 fois contre 3 fois pour le héros féminin. S'il y a 2 héros, 10 fois ce sont deux personnages masculins et 1 fois seulement un garçon et une fille, pas une seule fois deux femmes, ou deux filles. Lorsque les héros sont multiples, la mère ou l'épouse sont citées 3 fois seulement.[…]

Le stéréotype classique de la « femme aux fourneaux »

Alors que la participation des femmes à la vie économique s'est considérablement accrue au cours des dernières décennies, les femmes dans les manuels scolaires apparaissent très souvent liées à un territoire unique, la maison. Les femmes sont cantonnées à l'intérieur, dans le milieu familial, reprenant le partage des tâches que l'on trouvait dans la société d'avant-guerre. Cela accrédite l'idée que leur parcours professionnel est mineur par rapport au rôle qu'elles doivent nécessairement jouer à l'intérieur de la famille. Il est vrai que, dans la réalité, le partage des tâches familiale et domestique évolue très lentement et que les rôles traditionnels ont tendance à perdurer. Environ 40 % des hommes reconnaissent n'accomplir aucune tâche domestique.

Dans un ouvrage parascolaire, dans le premier niveau – anglais 6 e - les tableaux de vocabulaire montrent des scènes de la vie courante, la mère fait les courses au supermarché, de même que la grand-mère, pendant qu'une jeune caissière enregistre les différents achats. Les stéréotypes se rencontrent dans les livres dans toutes les matières, en langues, comme en mathématiques ou en histoire. La répartition des tâches entre les hommes et les femmes se perçoit dans les énoncés des problèmes de mathématiques. «Pour s'équiper en outillage M. Duchemin a fait l'achat d'une perceuse à 415,70 F et d'une scie à 188,90 F. Pour le repas, M me Duchemin a acheté un rôti de veau à 59 F et un camembert à 11,60 F. Mme Duchemin envoie Christine chez le boulanger pour acheter une ba guette ... »[…]

Lorsque les femmes apparaissent, les qualités et les activités qui leur sont attribuées diffèrent considérablement de celles des hommes

[…] Cette grande catégorisation attribuée aux hommes et aux femmes est dans tous les esprits. Elle constitue la base des stéréotypes de sexe, c'est à dire l'ensemble des traits de personnalité censés caractériser les membres d'un groupe d'un même sexe. On la retrouve déclinée dans les dictionnaires et les ouvrages.

* Dans un dictionnaire, au mot bien : elle est bien, elle est belle ; Un homme bien est un homme estimable (= sérieux).

Beaucoup de stéréotypes sexistes se trouvent concentrés dans cet exemple. L'homme est sérieux et estimable, il occupe une place reconnue dans l'organisation sociale où il agit, la femme est belle, elle décore, elle est un enchantement des yeux et ne doit pas se tourner vers des activités austères (les mathématiques par exemple) sous peine de perdre sa joie et sa beauté. De la classification, on passe insensiblement à une hiérarchisation des sexes, avec des caractéristiques négatives attribuées aux femmes. À côté de la femme-fleur, on retrouve la mégère, la sorcière et dans certains ouvrages, la furie.[…]

* Exemple pris dans un autre dictionnaire (opus cité) pour illustrer le mot Bain : le président prend un bain de foule, Jeanne prend un bain de soleil. Dans cet exemple caricatural, la ligne de démarcation est nettement tracée, les femmes apparaîtront dans des activités qui incitent au jeu, aux loisirs, et les hommes dans des rôles plus austères et occupant des postes de responsabilités et de pouvoir.[…]

 

 

DOCUMENT 7 : Les catalogues de jouets

Un florilège de clichés : Dans le catalogue des jouets de Noël d'Auchan, dont le slogan est "La vie, la vraie" , la page "Fées du logis" présente trois petites filles qui, l'air triste et résigné, un foulard dans les cheveux, repassent, manient l'aspirateur et le chariot porteur du matériel pour laver les sols. "Dès 3 ans" , précise la légende...

Chez Carrefour, les petites filles poussent les landaus, auscultent les bébés, passent l'aspirateur, font la cuisine, se maquillent, quand les garçons jouent au garage, au circuit de voitures, à la moto électrique, au punching-ball et au baby-foot. Dans le catalogue de la Foirfouille, une petite fille et un petit garçon sont installés devant une cheminée, comme un petit couple. Il lit un livre, sourcils froncés ; elle tient son bébé dans les bras, l'air absent. Seul Leclerc innove, avec un petit garçon dans la page des cuisines miniatures.

Article paru dans l'édition du Monde du 16/12/2001

 

DOCUMENT 8 : Expériences sur les rôles sexuels


in Psychologie Sociale, Myers D.G. et Lamarche, L. , Québec, Mc graw-Hill, Edts, p.181-182 .

Sachant que les 3/4 des rôles à la télévision sont tenus par des hommes (Gerbner et al., 1986) et que les femmes y jouent des rôles stéréotypés, tant dans les annonces publicitaires que dans les émissions, les psychologues sociaux se sont interrogés à propos de ces portraits.

Florence Geis et ses collègues (1984), par exemple, ont montré à leurs étudiants de l'Université du Delaware de nouvelles créations de 4 annonces publicitaires typiquement stéréotypées ou de ces mêmes réclames avec une inversion des rôles féminins et masculins (par exemple où un petit homme sert avec fierté un délicieux souper prêt à servir à sa femme affamée qui rentre du travail). Parmi les spectatrices qui rédigèrent par la suite des textes sur leur vision de leur avenir "dans 10 ans d'ici", celles qui avaient vu les annonces publicitaires non traditionnelles avaient plus tendance que les autres à exprimer des aspirations professionnelles. Une expérience complémentaire révéla que les femmes qui avaient regardé les réclames non traditionnelles se montraient également moins conformistes lors d'un test en laboratoire et démontraient plus d'assurance au moment de prononcer un discours (Jennings et al., 1980).

Si le fait de ne voir que 4 annonces publicitaires impressionnantes a un effet à tout le moins temporaire sur les aspirations et le comportement des femmes, on peut se demander quel est l'effet cumulatif des 350 000 annonces publicitaires visualisées au cours de la croissance et des exemples stéréotypés encore plus nombreux présentés dans les émissions télévisées. Des expériences récentes effectuées par Christine Hansen (1989 ; Hansen et Hansen, 1988) démontrent que le fait de regarder des bandes vidéo de musique rock peut fausser les impressions suscitées par d'autres interactions sociales. Après avoir vu des images d'un homme macho et d'une femme sexuellement consentante, les participants avaient tendance à percevoir comme plus soumise et plus sexuelle une femme qu'ils observaient.

jeudi 10 janvier 2002, par  Fran M , trouvé sur le site des « Chiennes de garde »,

http://chiennesdegarde.org/article.php3?id_article=61

 

DOCUMENT 9 : Imaginaire et stéréotypes

 

Les histoires inventées par les filles et celles inventées par les garçons sont-elles semblables ou différentes ? Présentation d'une recherche effectuée à la Faculté de Psychologie et des Sciences de l'Education de l'Université de Genève. Par Anne Dafflon Novelle*

Durant leur enfance, les enfants marquent une préférence très nette pour tout ce qui est associé à leur propre sexe : jouets, jeux, activités, habits, accessoires, etc., encouragés dans ce sens par leur entourage. Leurs choix se portent également vers des camarades de leur propre sexe, les rencontres informelles et les activités spontanées entre enfants de sexes opposés étant rares. Par extrapolation, les enfants devraient également montrer des préférences pour des personnages de fiction de leur propre sexe plutôt que du sexe opposé. Cependant, d'une part, peu d'études se sont intéressées aux attentes des enfants dans ce domaine, d'autre part, l'examen de la littérature enfantine de publication récente montre que les personnages de filles sont moins nombreux et moins valorisés que les personnages de garçons, n'offrant ainsi que peu de choix aux jeunes lectrices. Le but de la recherche présentée ici est double : premièrement identifier les attentes des enfants en matière de lecture considérant les personnages principaux et les thématiques proposées ; deuxièmement évaluer dans quelle mesure ces attentes sont biaisées par les lectures stéréotypées proposées aux enfants (Dafflon Novelle, 2003).

Littérature enfantine actuelle : sexiste !
La littérature enfantine est à l'heure actuelle encore largement empreinte de sexisme, tant au niveau du texte que des illustrations. Globalement, les personnages de sexe masculin sont plus nombreux que ceux de sexe féminin dans les rôles principaux, tandis que les femmes occupent davantage les rôles secondaires. Les garçons apparaissent plus souvent dans les illustrations, sur la page de couverture et dans les titres des livres que les filles. En outre, dépeintes de manière plus passive, les femmes et les filles sont davantage illustrées à l'intérieur et dans des lieux privés. Les asymétries sont plus marquées avec des personnages adultes : les femmes sont essentiellement insérées dans l'univers familial, quasiment exclues du contexte professionnel ou alors représentées dans des rôles professionnels peu diversifiés et très stéréotypés ; à l'opposé, les rôles dévolus aux hommes sont plus riches : en plus de leurs activités professionnelles variées et valorisées, les pères partagent davantage d'activités récréatives avec leurs enfants, les devoirs parentaux et les tâches domestiques incombant plus aux mères. Ainsi, les différences à la défaveur du sexe féminin sont d'une part quantitatives, puisque moins de livres présentent des héroïnes comparativement au nombre de héros mis en scène, d'autre part qualitatives, puisque les principales dimensions stéréotypiques de la différence des sexes, passivité-activité, intérieur-extérieur et privé-public, sont représentées. En outre, les récentes études effectuées sur les émissions télévisées montrent que ces dernières présentent les mêmes défauts en matière d'égalité entre les sexes.

Les personnages préférés des enfants
Qui les enfants préfèrent-ils dans les médias qui leur sont destinés (livres et feuilletons télévisés) ? Dans une vaste enquête réalisée en 1979, Chombart de Lauwe et Bellan ont demandé à des enfants des deux sexes âgés de 8 à 12 ans de nommer et décrire leur héros ou héroïne préféré-e. Globalement, leur préférence va à un personnage principal de leur propre sexe. Cependant, ce phénomène est plus marqué chez les garçons que chez les filles puisqu'il concerne 95 % de ces derniers contre seulement 54 % des filles. Ce résultat peut très certainement s'interpréter par le fait que les médias pour enfants proposent moins de personnages de filles que de personnages de garçons, lesquels sont présentés de manière plus attractive et valorisée que leurs homologues de sexe féminin.
Retrouverait-on les mêmes biais en faveur du sexe masculin en considérant les attentes des enfants en matière de fiction, qu'elle soit littéraire ou télévisuelle ? Ou alors, en demandant expressément aux enfants de ne pas considérer les livres écrits par les adultes, mais d'inventer une histoire, allons-nous plutôt observer le favoritisme intra-sexe de mise durant l'enfance ? Fournir une réponse à ces interrogations est l'objectif de la présente recherche à laquelle 202 enfants (94 garçons et 108 filles) âgés de 8 à 12 ans ont pris part. Ils ont eu pour tâche d'inventer l'histoire qu'ils aimeraient lire ou regarder à la télévision. Une seule limite leur était imposée : le personnage principal de leur histoire devait être un enfant dont le choix du sexe leur était laissé libre. Les passations ont été réalisées au cours d'entretiens semi-directifs individuels : l'enfant racontait son histoire inventée à une personne adulte, laquelle retranscrivait le récit par écrit. Une fois l'histoire terminée, l'adulte posait quelques questions relatives au personnage principal inventé si ces points n'avaient pas déjà été spontanément évoqués au cours du récit : physique, caractère, occupations favorites, entourage familial et camarades. Certaines de ces questions étaient ensuite abordées à propos de l'enfant lui-même. Puis, à la fin de l'entretien, il était en plus demandé au participant-e de nommer son personnage enfant préféré provenant des médias, qu'il soit issu d'un livre, d'un film ou d'une série télévisée.
L'examen d'un tel matériel comporte de multiples avantages. Outre la description des personnages inventés selon leur sexe et leur âge, une analyse plus qualitative de leurs portraits relative au physique, au caractère, aux occupations favorites, à l'entourage familial et aux camarades a pu être effectuée. D'autre part, comme certaines informations sont également recueillies à propos des répondants eux-mêmes, le degré de ressemblance entre les personnages inventés et leurs créateurs a pu être mesuré. En outre, le degré de stéréotypie et de valorisation des personnages inventés de chaque sexe a été évalué et les principales thématiques des histoires inventées ont été identifiées.

Les personnages inventés, filles ou garçons ?
Les enfants ont majoritairement créé un personnage central de leur propre sexe (80%). Cependant, le sexe des participants module ce résultat puisque les garçons inventent à une très forte majorité un héros, alors que chez les filles, le choix du personnage en adéquation avec son propre sexe est moins massif, même s'il reste nettement majoritaire (94% contre 69%). On observe ainsi effectivement le favoritisme intra-sexe de mise durant l'enfance, mais moins prononcé chez les filles que chez les garçons. Ce résultat est également à mettre en lien avec le fait que, depuis leur plus jeune âge, les filles sont moins découragées que les garçons à manifester leur intérêt pour des activités typiques du sexe opposé.
Passons au personnage préféré issu des médias pour enfants. Par rapport au personnage inventé, son choix est encore moins lié au favoritisme intra-sexe chez les filles, puisque seules 52% des filles mentionnent une héroïne comme personnage préféré des médias, tandis que 92% des garçons choisissent un héros. Ce résultat est en tout point comparable à celui obtenu par Chombart de Lauwe et Bellan en 1979. Bien que distantes d'une vingtaine d'années, ces deux recherches basées sur les réponses d'enfants de mêmes âges donnent des résultats tout à fait analogues. Entre les années 80 et les années 2000, aucune amélioration n'a été constatée dans la manière de présenter les personnages de sexe féminin dans les médias pour enfants, ce qui permettrait de valider l'interprétation que le moindre favoritisme intra-sexe de la part des filles est bien, en partie tout au moins, le reflet de l'intériorisation de la surreprésentation et de la survalorisation des héros comparativement aux héroïnes dans la littérature enfantine.

Influence des stéréotypes
Regardons tout d'abord si les portraits dressés des personnages inventés sont influencés par les stéréotypes de genre. En fait, ils le sont très peu : les principales dimensions stéréotypiques de la différence des sexes utilisées dans la littérature enfantine ne se retrouvent pas dans la description des héros et des héroïnes inventés. Le seul aspect renvoyant à une éventuelle influence directe des livres pour enfants concerne la fratrie des personnages inventés : les héroïnes ont beaucoup plus souvent un ou plusieurs frères que les héros, tandis que ces derniers sont beaucoup plus souvent enfant unique que leurs homologues de sexe féminin, ce qui se retrouve également dans la littérature enfantine, où le héros est plus souvent entouré de copains et copines, alors que l'héroïne est plus souvent présentée en compagnie de jeunes frères et sœurs.
Par contre, il est intéressant de constater que la stéréotypie des personnages est davantage le fait du sexe des participants. Au-delà du sexe du personnage inventé, le fait qu'il soit inventé par un garçon ou par une fille renvoie à une influence de nature beaucoup plus stéréotypée. Comparativement aux descriptions données par les garçons, celles des filles sont plus axées sur l'aspect physique, elles sont plus nombreuses à mentionner des qualités, à faire usage de la dimension relationnelle, elles évoquent davantage les activités éducatives et musicales. Ces différences rejoignent celles observées par Chombart de Lauwe et Bellan en 1979 dans les descriptions données par les enfants de leur personnage préféré issu des médias. Des garçons et des filles avaient mentionné le même personnage préféré, pourtant, les descriptions qu'ils en faisaient étaient différentes : plus axées sur l'apparence physique et la relationnalité par les filles, sur l'autonomie et l'indépendance par les garçons.

Valorisation des personnages inventés
La mise en correspondance de tous les aspects de la description des personnages inventés permet d'évaluer le degré de valorisation accordé à chaque sexe. Contrairement à la valorisation des personnages de sexe masculin issus de la littérature enfantine, les portraits des héroïnes sont plus riches et plus valorisés que ceux des héros, plus particulièrement lorsque ces dernières sont inventées par des jeunes filles âgées de 8 à 10 ans. Ces héroïnes ont un papa et une maman, un frère, une sœur, des copines, avec lesquels elles entretiennent des relations positives. Elles possèdent des qualités, des caractéristiques relationnelles et n'ont pas de défaut. A l'opposé, les héros inventés par les garçons de 11 et 12 ans sont plus particulièrement décrits par l'absence de relations familiales et extra-familiales : ils n'ont ni papa, ni maman, ni frère, ni sœur, ni copain et copine. Des défauts et des caractéristiques instrumentales leur sont associés, de plus ils n'ont ni qualités, ni traits de caractère relationnels. Ainsi, il semblerait que l'intériorisation de la norme de valorisation du sexe masculin ne soit pas encore effective chez les filles âgées d'une dizaine d'années et moins. Par ailleurs, ce résultat est conforme au fait déjà démontré que, si entre 8 et 10 ans, les enfants évaluent de manière plus favorable leur propre groupe de sexe que le sexe opposé, les filles le font encore plus que les garçons.
Globalement, les participants, qu'ils soient filles ou garçons, ont créé des personnages à leur image, en termes de sexe, âge, situation familiale, occupations favorites ou traits de caractère, sans que pour autant leurs héros ou héroïnes souhaités soient leur double. Personnages inventés et créateurs ont le même profil : par exemple, la majorité des participants exerçant une activité sportive ont attribué l'exercice d'un sport à leur personnage, sans qu'il s'agisse pour autant du même sport. Ce résultat est conforme aux phénomènes de projection et d'identification ayant cours entre l'enfant et son personnage préféré.

Thématique des histoires inventées
Les principales thématiques présentes dans les histoires racontées par les participants des deux sexes sont différentes. Les histoires racontées par les filles, qu'elles concernent un héros ou une héroïne, comportent de nombreux personnages secondaires, ayant des liens familiaux avec le personnage inventé, ou alors provenant des mondes scolaires, comme la maîtresse, ou imaginaires, comme la fée ou la sorcière. Les animaux occupent une place de choix dans ces histoires. Les bijoux et les trésors font aussi partie des thèmes évoqués. Les histoires racontées par les garçons font référence à d'autres représentations. Les personnages secondaires, aussi bien présents, ne proviennent pas de l'univers familial, mais extra-familial, ils sont exclusivement de sexe masculin, et représentent d'un côté les copains et d'un autre côté les méchants. La lutte du bien contre le mal transparaît davantage de ces récits.
Les thématiques évoquées séparément par les filles et les garçons correspondent à celles proposées par les adultes dans les livres mettant respectivement en scène des héroïnes ou des héros. Ainsi, les filles, indépendamment du fait qu'elles aient inventé un héros ou une héroïne, ont transposé dans l'histoire qu'elles souhaitent lire les thématiques issues de livres mettant en scène une héroïne.

Intériorisation précoce des normes  
En résumé, dans cette recherche basée sur les souhaits des enfants en matière de fiction, la surreprésentation numérique des personnages de sexe masculin existant dans la littérature enfantine est reproduite par les enfants. Par contre, la stéréotypie des deux sexes et la survalorisation du sexe masculin n'apparaissent pas dans les productions des enfants âgés de 8 à 12 ans interrogés. Ainsi, le fait de centrer explicitement les enfants sur leurs goûts et leurs souhaits en matière de récits de fiction paraît bien mettre en évidence le fait qu'ils souhaitent, et les filles encore plus que les garçons, être confrontés à des personnages positivement connotés, la richesse et la valorisation des héroïnes étant plus particulièrement saillantes chez les participantes les plus jeunes.
Cependant, l'analyse des histoires inventées par les enfants dans cette recherche met en évidence que les représentations véhiculées dans la littérature enfantine par les adultes sont intériorisées par les enfants. En effet, les thématiques issues des livres racontant l'histoire de héros sont reprises par les garçons de cette recherche et les thématiques des livres mettant en scène des héroïnes se retrouvent dans les histoires inventées par les filles de cette recherche, que ces dernières aient créé un héros ou une héroïne. Ce résultat met en évidence que les livres avec héros sont intégrés comme histoires pour garçons et que les livres avec héroïnes sont intégrés comme histoires pour filles.
En conclusion, très rapidement dans leur développement, les enfants intériorisent les normes de la société ; de plus, les stéréotypes véhiculés dans la littérature enfantine ont une influence indirecte sur leurs propres productions de récits de fiction. Par conséquent, il me paraît nécessaire de proposer aux enfants des livres aux contenus moins sexistes et moins stéréotypés si l'on souhaite que chacun et chacune se sente libre d'agir selon ses propres désirs, indépendamment des normes régissant les rôles de chaque sexe, lesquelles péjorent le sexe féminin.

*Anne Dafflon Novelle est Docteur en psychologie et chercheuse en sciences sociales
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Une Exposition
Garçons jouant au foot avec des copains pendant que les filles restent à la maison pour s'occuper des jeunes frères et sœurs, Maman, un tablier noué autour de la taille, en train de faire la vaisselle ou de donner le bain aux enfants tandis que Papa, une fois rentré du travail, lit le journal ou regarde la télévision… Voici quelques extraits des résultats des recherches effectuées à l'Université de Genève sur la littérature enfantine publiée récemment.
Sous le projet « Images et société », une exposition consacrée à cette thématique a été proposée au public durant le printemps 2004 à Genève. Dix panneaux illustrent quelques questions : Qui fait quoi ? Garçons et filles ont-ils les mêmes activités ? Quels animaux sont utilisés pour représenter chaque sexe ? Autant de thèmes mis en scène sur des panneaux de grande taille (70 cm x 100cm) à l'aide d'images tirées de livres pour enfants. Ces panneaux en tissu, d'utilisation très aisée, dans leur totalité ou en petit nombre, sont disponibles pour les écoles, les bibliothèques, les centres de loisirs, etc.
Pour tout renseignement : Anne Dafflon Novelle, adn@bluewin.ch

Mis en ligne: Lun. - Janvier 24, 2005

http://www.citrouille.net/iblog/B116873654/C982033429/E2099428333/

 

 

DOCUMENT 10 : Les stéréotypes à la télévision

Parce que la plupart des émissions de télévision sont de courte durée, la personnalité des personnages doit être établie le plus rapidement possible. Les scénaristes utilisent les stéréotypes afin de pallier cette contrainte.

Un stéréotype se définit comme une idée, une image ou un jugement fixe attribué à un certain groupe de personnes. Ce jugement peut être positif ou négatif. Les stéréotypes sont formés à partir d'un modèle et inspirés des comportements ou de la tenue vestimentaire les plus populaires.

Généralement, les stéréotypes ne correspondent pas à la réalité. Ils sont plus parfaits (ou imparfaits), plus prévisibles que les événements et les personnes de la vie courante. L'homme stéréotypé, par exemple, est un « vrai homme » aventureux, intelligent, imperturbable et maître de toute situation. Ces stéréotypes liés au sexe sont créés afin de présenter aux téléspectateurs un personnage auquel ils peuvent facilement s'identifier.

Cependant, le danger de la répétition de telles images fixes est d'amener le public à généraliser le stéréotype à l'ensemble de la population masculine. Il en résulte une fermeture d'esprit qui peut affecter les attentes qu'ont les femmes et les enfants envers les hommes et qui peut même influencer la façon dont les hommes et les garçons perçoivent leur propre comportement.

Même si la télévision a amélioré l'image qu'elle projette des femmes, elles continuent dans plusieurs cas à être associées au rôle de l'épouse dévouée en tenue de maison ou à celui de la blonde vêtue légèrement.

Quant aux émissions pour enfants, elles divisent les deux sexes distinctement — les filles jouent à la poupée, les garçons préfèrent les camions — et utilisent un registre convenant à des adultes. De façon semblable, les rôles de belles-mères, de personnes âgées, d'homosexuels, de policiers et de chauffeurs de camions sont souvent stéréotypés.

Les stéréotypes liés à la culture et à la classe sociale sont aussi omniprésents à la télévision. Traditionnellement, les Noirs étaient décrits comme de fidèles serviteurs ou de dangereux criminels, mais même si ces stéréotypes persistent, nous voyons maintenant apparaître une description plus juste et plus intelligente de la société noire de classe moyenne.

Dans le même esprit, la vision traditionnelle des Amérindiens vivant dans des tentes change pour une description plus réaliste de ce peuple. Cependant, trop souvent, les minorités sont dépeintes de façon stéréotypée et ont souvent moins de pouvoirs et sont moins riches que les Blancs.

Il est important que les élèves puissent reconnaître les stéréotypes et qu'ils comprennent le rôle qu'ils jouent dans la description de la réalité à la télévision. Ainsi, les élèves auront moins tendance à croire en des idées préconçues envers les autres races et cultures.

Afin de développer un esprit critique face aux médias, les élèves doivent analyser la façon dont la télévision traite les gens, faire des relations entre leur propre réalité et celle présentée par les médias et comprendre comment les personnages de la télévision peuvent influencer les idées qu'ils ont sur les vraies personnes vivant dans leur communauté.  © 2005 Réseau Éducation-Médias

http://www.media-awareness.ca/francais/ressources/educatif/documents_accompagnement/stereotypes_television.cfm?RenderForPrint=1

 

DOCUMENT 11 : Je suis noir et je n'aime pas le manioc

DE GASTON KELMAN

Date de publication : 19/5/2005
Editeur : 10/18
Pages : 207
Prix du livre : 6.9 €
Re-édition de poche

 

Le livre de l'urbaniste Gaston Kelman sur le racisme ordinaire, "Je suis noir et je n'aime pas le manioc" , vient d'atteindre la barre des 100.000 exemplaires vendus[…]


"Après une modeste mise en place de 1.200 exemplaires en février, le livre a atteint en septembre le chiffre rare des 100.000 ventes" .


L'ouvrage, qui dénonce avec humour les clichés sur les Noirs, est resté plus de 30 semaines dans les 10 premières ventes Essai de la liste de L'Express et la couverture médiatique qui lui a été consacrée a été "exceptionnelle". La presse étrangère, notamment américaine, a évoqué l'ouvrage, se demandant "qui est cet homme noir qui revendique une appartenance à un milieu socio-culturel en faisant fi de ses origines africaines?", explique l'éditeur.


Sur Internet, des forums lui sont exclusivement consacrés, les organisateurs de salons et de festivals et les libraires se le disputent et des écoles inscrivent le livre au programme de concours, selon l'éditeur.


Gaston Kelman est né au Cameroun il y a 50 ans. Titulaire d'une licence bilingue de l'université de Yaoundé, il a continué une partie de ses études en Grande-Bretagne, puis en France en obtenant un 3ème cycle d'urbanisme. Il a exercé pendant 10 ans des fonctions de directeur au SAN (syndicat d'agglomération nouvelle) et à l'Observatoire urbain de la ville d'Evry. Aujourd'hui, il est consultant au sein d'une association qui milite pour l'intégration des migrants noirs.
"Un Noir, n'est-ce pas, ce n'est pas très intelligent ni très cultivé. Il a certes de bons côtés: il se nourrit de manioc, il est rieur, enfantin, doué pour la musique (sauvage et rythmée, pas classique), mais c'est surtout un sous-développé qui compense par un membre surdimensionné. Tout le monde le sait" , écrit l'auteur.


Or, la France compte un nombre incalculable de ces individus qui, comme lui, font partie intégrante de la nation. L'auteur vit en effet en France depuis vingt ans et se définit avant tout comme bourguignon.


Fort de son expérience, il reprend les lieux communs qui pèsent sur sa communauté, alternant le sérieux de son propos avec de petites anecdotes drolatiques: "Alors mon brave, dit un officiel français à un émigré convalescent dans un hôpital de Bamako : Alors, toi content repartir en France regagner sous ! Toi faire quoi en France ? Je suis Professeur de littérature à la Sorbonne, monsieur" .


Des histoires qui sont, selon l'auteur, "révélatrices du climat réservé en France aux personnes de couleur, aux basanés, aux présumés étrangers, coupables de ne pas avoir le bon faciès". Comme un sociologue, il n'omet pas enfin de porter un regard lucide sur les Noirs "qui se complaisent trop souvent dans le rôle tout trouvé de victimes".

 

 

DOCUMENT 12 : Statistiques à la louche dans différentes revues

FHM (magazine masculin de loisirs) : 200 p dont 50p de pub. Les enfants sont absents des pubs. Les 3 thèmes de pub les plus fréquents sont : jeux, parfum, vêtement.

Cosmopolitan (magazine féminin de loisirs) : 230p dont 100p de pub. Les enfants apparaissent sur deux pub : gâteau minute où la mère est réduite à ses mains et voiture "vous aussi vous rêvez d'habituer vos enfants au luxe" (le permis de conduire et la voiture étant des symboles historiques de l'accession à l'autonomie pour les femmes). Sans surprise le trio de pub est produits de beauté, parfum et accessoires

Le Soir (1° quotidien belge généraliste) En Une, l'annonce du dernier film de la cinéaste belge Chantal Akerman mais l'image est réservée au duo père fille Klijsters, la gloire de cette tenniswomen revient à son père ! Aucun sujet ne traite des femmes, mais le Soir compte dans son équipe deux grands noms féminins du journalisme : B. Vaes et M. Vandemelebroeck qui signent des articles dans les premières pages. Dans le supplément loisir Victor, on retrouve les même pub que dans les magazines de loisirs notamment une pub pour la vodka qui vante l'effet désinhibant de l'alcool (la femme enlève le rembourrage de son soutien-gorge), substance classée dans les drogues dures, rappelons-le.

La libre Belgique (quotidien généraliste propriété de l'Evêché de Namur). Les femmes sont convoquées en tant qu'expertes ponctuelles. Les images représentent des femmes accessoires (tient la photo d'un opposant, ramasse les papiers dans une salle de conférence). On trouve la première signature féminine sous la plume d'une grande reportrice à laquelle ses collègues masculins ont permis de se faire tirer dessus pour son sujet sur la culture de la coca. La seule pub destinée aux femmes est celle d'un magasin de robes de mariées.

La sexualité des dominants, nourrie d'autoritarisme et présentée comme majoritaire, se trouve dotée d'une fonction sociale : l'apprentissage et l'habitude de la soumission (notamment à travers la répétition de corps en position d'attente ou agi ce qui est le cas dans presque toutes les pub de parfums). En parallèle de l'uniformisation des modes de vie, se construit ainsi une uniformisation de l'érotisme bien pratique car plus propice à l'augmentation des profits dans une logique de production en série.

Les corps présentés sont le plus souvent morcelés (les parties manquantes étant fréquemment la tête, les mains, les pieds), en position d'attente, frêle, leurs zones sexuelles primaires ou secondaires exposées parfois plus que le produit vendu. Ainsi est renforcée l'idée que le corps d'une femme peut être mis en jeu dans un acte d'achat ou de location. Dans la logique capitaliste, n'existe donc que le profit et sa recherche quels que soient les clients, la demande et les produits.

Elisa Jandon

http://www.feministes.net/stereotypes_sexistes.htm